Biographie d’Antonio BACCHET, le centenaire de la commune.
Antonio BACCHET est né le 18 décembre 1908 à Gruaro, en Vénétie, en Italie, entre Trieste et Venise, dans une famille de la petite paysannerie. Il est le sixièmede 10 enfants, cinq filles et cinq garçons. Ses parents avaient une ferme, et sa mère, la «mamma», allait vendre les légumes produits au marché de Portogruaro, la ville la plus proche, en charrette à cheval. Son père était un chasseur et pêcheur renommé.
A 20 ans, en 1928/29, il part faire son service militaire dans l’île de Rhodes, alors colonie italienne sous le régime de Mussolini. A son retour en Italie, il n’a pas de perspective de travail au pays, à moins de faire allégeance au régime.
En 1931, il décide d’émigrer en France, comme quatre de ses frères et sœurs. Il arrive en Ardèche où vit déjà l’aînée des soeurs. Il va faire les travaux durs dans lesquels se retrouvent les immigrés : successivement ouvrier dans une carrière avec des travailleurs espagnols et polonais, dans la fabrication de charbon de bois, puis de peinture. Il vient ensuite en1932 en Beaujolais où une autre de ses sœurs vit à Romanèche. Il est alors ouvrier agricole dans une ferme de la plaine de Saône, puis chez de nombreux viticulteurs dans le vignoble. A Villié Morgon, il rencontre une première fois Marie-Louise Depardon, institutrice au hameau de Vermont à Villié Morgon, qu’il allait épouser bien plus tard. En 1937, il part à Chalon-sur-Saône travailler dans l’équarrissage, et revient vite en Beaujolais où il apprend l’art de la tonnellerie en travaillant dans l’entreprise Dargaud à Romanèche, à la Maison-Blanche pendant 2 ans en 1939/40. Il est ensuite caviste à Belleville, puis tonnelier chez Crozet, dans le quartier de la gare, exactement là où est maintenant installé le Hameau du vin de la maison Duboeuf. Mais c’est la guerre depuis trois ans. Il est italien et il est déporté du travailen Allemagne en I943 en tant qu’étranger.
Dès la fin de la guerre il revient et s’installe à son compte comme artisan tonnelier, à côté de la gare de Romanèche où il établit son atelier, avec les rangées de tonneaux neufs ou à remettre en état le long de la route, qui va de la gare à la nationale 6.
En 1947 il se marie avec Marie-Louise Depardon qui est alors institutrice à Saint Jean d’Ardières. En 1949 ils ont une fille, Aline. Ils habitent alors à Lancié où son épouse sera institutrice jusqu’à sa retraite en 1965. Il décide de se faire naturaliser français vers 1955, ce qui à l’époque impliquait de perdre sa nationalité italienne. Aimant le travail du bois et le travail tout court, il continue à taper sur l’enclume, poser les cercles et travailler les douelles de tonneaux jusqu’à 70 ans en 1978, cette époquecorrespond aussi à la fin des tonneaux en Beaujolais, remplacés par les cuves en inox, béton ou fibre de verre.
En 1981, Antoine et sa femme achètent un terrain à Corcelles, à l’est duVieux bourg et ils font bâtir la maison où il vit toujours aujourd’hui. Devenir propriétaire ici a été quelque chose d’important pour lui symboliquement. Il perd son épouse en 1993. Il a deux petits fils, Romain et Rémi qui ont aujourd’hui 24 et 14 ans.
Grâce à sa santé et sa vitalité, aux visites régulières de la famille, sa fille, ses petits enfants et les cousins de Fleurie et Villié, et grâce à l’attention de sa précieuse aide ménagère Mme Broyer il est arrivé à ses 100 ans en restant autonome, se faisant lui-même à manger et continuant à entretenir sa maison, ses fleurs et ses arbres tout en suivant de près l’actualité.
L’hommage qui lui a été rendu lors des conscrits de Corcelles-en-Beaujolais en janvier 2008, où il a été fêté en tant que centenaire l’a beaucoup ému, et il était tout fier d’être une des vedettes de la journée. Et la petite fête organisée chez lui pour ses 100 ans le 18 décembre 2008 où la famille, la mairie et les conscrits des classes en 8 de tous âges sont venus lever leur verre avec lui, lui a fait chaud au cœur.
Ce jour là, il a reçu à la foisl’hommage en direct de la municipalité de Corcelles et au courrier les vœux de la commune de Gruaro, à qui ila répondu «Sempre ricordando la terra e la comune dove sono nato» (Je me souviens toujours de la terre et du village où je suis né) ...